Lo Rat Penat

Lo Rat Penat
Siège de Lo Rat Penat à Valence
Histoire
Fondation
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Cadre
Type
Association culturelleVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
ValenceVoir et modifier les données sur Wikidata
Pays
 EspagneVoir et modifier les données sur Wikidata
Organisation
Site web
www.loratpenat.orgVoir et modifier les données sur Wikidata

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Lo Rat Penat (« la chauve-souris » en valencien archaïsant ; abrégé en LRP) est une société fondée en 1878 à l'initiative de Constantí Llombart consacrée à la promotion, la défense, l'enseignement et la diffusion de la langue et de la culture valenciennes. Il s'agit historiquement d'une des plus importantes entités culturelles valenciennes.

Depuis la transition démocratique espagnole, LRP s'est surtout fait connaître pour être, avec la Real Acadèmia de Cultura Valenciana, un bastion du sécessionnisme linguistique valencien en niant toute légitimité aux Normes de Castellón — normes orthographiques adoptées en 1932, auxquelles l'organisation avait souscrit et dont l'usage est généralisé — et en promouvant des contre-normes orthographiques, les Normes del Puig[1].

Histoire

Lo Rat Penat est fondé en 1878, tout d'abord sous le nom de Societat d'Amadors de les Glòries Valencianes (« Société d'amateurs des gloires valenciennes)[2], sur initiative de Constantí Llombart, Teodor Llorente et Fèlix Pizcueta dans l'intention de défendre la culture et la langue valenciennes et de promouvoir un mouvement semblable à la Renaixença au Pays valencien[3].

Son emblème est une chauve-souris, tiré de l'écusson de la ville de Valence[2].

Llombart prétendait ce faisant créer une organisation qui rassemble des Valenciens de toutes tendances politiques, mais LRP se trouva vite contrôlé par des éléments de la bourgeoisie conservatrice[4], qui imposèrent un refus de la politisation des revendications particularistes valenciennes, la défense à outrance de la monarchie espagnole et la prédominance de la poésie sur les autres genres littéraires[3]. LRP est l'institution chargée de l'organisation des Jeux floraux de la ville et du royaume de Valence, mis en place dès 1878[3],[5].

En réaction à cette dénaturalisation de l'entité qu'il avait fondée, Llombart fonde en 1888 une autre organisation, L'Oronella — à l'origine en tant que club excursionniste —, qui rassemble plusieurs figures importantes de la vie politique et culturelle de la région comme Vicente Blasco Ibáñez, qui n'aura néanmoins qu'une existence éphémère[6].

À la fin de la guerre civile, LRP reprend rapidement ses activités car le régime franquiste les considère comme inoffensive et compatibles avec sa conception régionaliste[7].

Entre 1949 et 1975, Lo Rat Penat donne des cours de langue et de grammaire valencienne, et est à l'origine de nombreuses publications, ce qui fait de l'association un bastion fondamental de la culture valencienne sous le franquisme[8], dans un climat de dictature globalement hostile à ce type de pratiques, généralement soupçonnées de « séparatisme »[9],[10]. .

Selon Santi Cortés, ces cours représentent le second point de repère le plus important dans l'histoire de l'enseignement et la normalisation du valencien après l'adoption des normes orthographiques de Castelló[11].

LRP a édité une revue homonyme, mais toujours de façon éphémère : au format mensuel entre janvier et décembre 1911, puis un seul numéro publié en 1942 (tout entier consacré à Josep Monmeneu)[12].

Position dans les controverses sur la langue valencienne

Initialement et pendant plus d'un siècle, LRP défend une collaboration avec les intellectuels et autres associations culturelles des territoires catalanophones hors Pays valencien. Le discours inaugural de Constantí Llombart est très explicite en ce sens[13],[2] :

« No, valencians, no es morta nostra expressiva llengua llemosina, com los seus malhavirats inimichs semblaba desijaben, gracies als generosos esforços de nostres germans de Catalunya y les illes Mallorques, esforços generosos que de hui en avant debem nosaltres ab tot fervor imitar. »

« Non, Valenciens, notre langue limousine expressive n'est pas morte, comme ses malveillants ennemis semblaient le désirer, grâce aux généreux efforts de nos frères de Catalogne et des îles de Majorque, généreux efforts que dorénavant nous devons avec ferveur imiter »

LRP signa les Normes de Castellón de 1932, adaptation de celles de l'Institut d'Estudis Catalans au contexte valencien[10],[1]. Dans plusieurs de ses écrits LRP donne pour établi le fait que le valencien et la catalan sont une seule et même langue, qu'il désigne parfois sous le terme de "catalan-valencien" (català-valencià)[14]

Cependant, depuis la fin des années 1970, la société a pris part aux controverses liées à la langue valencienne et s'est rapprochée de la posture blavériste selon laquelle catalan et valencien seraient deux langues différentes, en contradiction avec le consensus scientifique[1]. Elle défend la normative de la Real Academia de Cultura Valenciana[1]. Elle est partisane d'une espèce de version reformée des dénommées Normes del Puig, avec toutefois l'incorporation d'accents écrits contraires à cette normative.[réf. nécessaire]

En , elle invita le professeur de Philologie catalane Abelard Saragossà, connu pour ses positions conciliatrices dans le conflit linguistique[15],[16], a donné une conférence à la suite de laquelle l'édifice a été victime de graffitis traitant l'institution de « catalaniste ». Attribuées aux secteurs blavéristes radicaux, les dégradations ont suscité une vive réprobation de la part du président de Lo Rat Penat, Enric Esteve, qui a condamné l’extrémisme de certains secteurs politiques sécessionnistes, ce qui constitue une inflexion de son positionnement depuis la fin des années 1970, favorable au sécessionnisme[17],[18],[19],[20].

Liste des présidents

Liste des présidents de Lo Rat Penat depuis sa fondation :

  • Fèlix Pizcueta i Gallel (1878-1879 et 1884-1886)
  • Teodor Llorente Olivares (1879-1880)
  • Jacint Labaila i González (1880-1881)
  • Rafael Ferrer i Bigné (1881-1882)
  • Vicent Pueyo i Ariño (1882-1883)
  • Ferran Reig i Garcia (1883-1884)
  • Ciril Amorós i Pastor (1886-1887)
  • Pasqual Frígola Ahís Xacmar i Beltrán (1887-1889 et 1891-1893)
  • Lluís Cebrián i Mezquita (1889-1891)
  • Honorat Berga i Garcías (1893-1903)
  • Josep Maria Ruiz de Lihory i Pardines (1903-1908 et 1912-1915)
  • Leopold Trénor i Palavicino (1908-1910)
  • Vicent Dualde i Furió (1910-1912)
  • Francesc Cantó i Blasco (1915-1916)
  • Joan Pérez i Lúcia (1916-1918)
  • Francesc Almarche i Vázquez (1919-1927)
  • Facund Burriel i Garcia de Polavieja (1927-1928)
  • Manuel González i Martí (1928-1930 et1949-1958)
  • Carles Sarthou i Francesc (1930-1931)
  • Agustí Alomar i Ruiz (1931-1932)
  • Nicolau Primitiu Gómez i Serrano (1933-1935 et1959-1961)
  • Josep Monmeneu Gómez (1935-1936 et 1939-1941)
  • Josep Casanova i Dalfó (1936-1939)
  • Josep Calatayud Bayà (1942-1948)
  • Joan Segura de Lago (1961-1972)
  • Emili Beüt i Belenguer (1972-1980)
  • Xavier Casp (1980-1982)
  • Joan Gil i Barberà (1982-1992)
  • Josep Maria Boluda i Sanambrosio (1992-1996)
  • Enric Esteve i Mollà (depuis 1996)

Notes et références

  • (ca) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en catalan intitulé « Lo Rat Penat » (voir la liste des auteurs).
  • Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page « Le « sécessionnisme linguistique valencien » : un « modèle » de transgressions et de débordements » , le texte ayant été placé par l’auteur ou le responsable de publication sous la licence Creative Commons paternité partage à l'identique ou une licence compatible.
  1. a b c et d Martin 2018, § 9-14.
  2. a b et c Martin 2000, p. 93.
  3. a b et c (ca) « Lo Rat-Penat », sur Gran Enciclopèdia Catalana (consulté le ).
  4. Flor 2010, p. 144.
  5. (ca) « València », Serra d'Or,‎ , p. 23 (lire en ligne)
  6. (ca) « l’Oronella », sur Gran Enciclopèdia Catalana (consulté le ).
  7. Ballester 1992, p. 27. « al País Valencià les autoritats franquistes van ser tolerants amb cert valencianisme ben entès. »
  8. Cortés Carreres 1995, p. 106. « en la pràctica LRP esdevingué la societat cultural més rellevant del franquisme al País Valencià »
  9. Pour une monographie consacrée à ces cours, voir Cortés Carreres 2006
  10. a et b Albert et al. 2014, note 2 p. 354. « Lo Rat Penat mantuvo posiciones favorables a la unidad de la lengua hasta el estallido de la Batalla de València cuando la centenaria sociedad se alineó con las posiciones lingüísticas secesionistas. Hasta entonces, Lo Rat Penat había suscrito las Normas de Castelló (1932) había reconocido la unidad de la lengua y había impartido cursos de valenciano normativo. »
  11. Cortés Carreres 2006, p. 47.
  12. Ballester 1992, p. 120.
  13. (ca) Manuel Lloris, Constantí Llombart, Institució Alfons el Magnànim, (ISBN 978-84-00-05022-1, lire en ligne)
  14. L'Acadèmia aprova per unanimitat el Dictamen sobre els principis i criteris per a la defensa de la denominació i l'entitat del valencià
  15. (ca) Alfons Garcia, « Abelard Saragossà: «El model lingüístic de Fuster només té com a destinatari el gremi dels lletraferits» », Levante-EMV,‎ (lire en ligne)
  16. (es) Filología catalana en Lo Rat Penat - El profesor de la Universitat de València Abelard Saragossà imparte una conferencia en la institución cultural sobre Josep Nebot, una figura "olvidada" que acerca a secesionistas y catalanistas, Levante-EMV, 03/12/2010.
  17. (es) Lo Rat Penat sufre pintadas tras acoger la conferencia de un profesor de Filología Catalana - La disertación de Abelard Saragossà en la sede de la entidad secesionista ha despertado ampollas en el sector más radical del valencianismo tricolor, Levante-EMV, 11/12/2010.
  18. (es) Un punto de inflexión , Levante-EMV, éditorial du 14/12/2010.
  19. (es) Lo Rat Penat carga contra los ´totalitarios´ del ´blaverismo´ y aísla al secesionismo político , Levante-EMV, 14/12/2010.
  20. (es)S. Pitarch, P. Cerdà, Lo Rat Penat ofrece la paz lingüística en una conferencia en la Universitat - Reclama a la AVL que integre sus propuestas y las de la RACV en el modelo de estándar valenciano, Levante-EMV, 05/05/2011.

Voir aussi

Bibliographie

  • [Albert et al. 2014] (es) Maria Albert Rodrigo, Emma Gómez Nicolau, Gil-Manuel Hernàndez i Martí et Marina Requena i Mora, La cultura como trinchera: La política cultural en el País Valenciano (1975-2013), Universitat de València, (ISBN 978-84-370-9618-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (ca) Josep Ballester, Temps de quarantena (1939-1959) : Cultura i societat a la postguerra, Valence, Edicions 3i4, , 198 p. (ISBN 84-7502-326-6, OCLC 27109079). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (ca) Vicent Bello, La Pesta blava, Valence, Edicions 3i4, , 331 p. (ISBN 84-7502-228-6)
  • (ca) Santi Cortés Carreres (préf. Josep Benet), València sota el règim franquista (1939-1951) : Instrumentalització, repressió i resistència cultural, Valence / Barcelone, Institut de filologia valenciana / Publicacions de l'Abadia de Montserrat, coll. « Biblioteca Sanchis Guarner », , 378 p. (ISBN 84-7826-599-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (ca) Santi Cortés Carreres, Ensenyament i resistència cultural : Els Cursos de Llengua de Lo Rat Penat (1949-1975), Paiporta, Denes, , 182 p. (ISBN 84-96545-16-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (ca) Alfons Cucó, El valencianisme polític: 1874-1939, Editorial Afers, , 2e éd. (1re éd. 1971), 316 p. (ISBN 978-84-86574-73-4)
  • (ca) Vicent Flor, L'anticatalanisme al País Valencià : Identitat i reproducció social del discurs del "Blaverisme", Valence, Universitat de València, , 672 p. (ISBN 978-84-370-7648-5, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (ca) Vicent Flor, Noves glòries a Espanya : Anticatalanisme i identitat valenciana, Catarroja, Afers, , 1re éd., 379 p. (ISBN 978-84-92542-47-5)
  • (es) Joan Gil i Barberà (dir.), Lo Rat Penat, Generalitat Valenciana, Centre Valencià de Cultura, , 238 p. (ISBN 978-84-482-1219-3)
  • Frank Martin, Les Valenciens et leur langue régionale : Approche sociolinguistique de l'identité de la communauté Valencienne (thèse de doctorat), Presses universitaires du Septentrion, , 772 p. (ISBN 9782729537951). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Frank Martin, « Le « sécessionnisme linguistique valencien » : un « modèle » de transgressions et de débordements », Cahiers du CELEC (Université Jean-Monnet-Saint-Étienne), no 13,‎ (ISSN 2801-2305, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article — disponible sous licence CC BY 4.0
  • (ca) Federico Martínez Roda (es), Història de Lo Rat Penat, Valence,
  • (ca) Faust Ripoll Domènech, Valencianistes en la post-guerra : Estratègies de supervivència i de reproducció cultural, Catarroja, Afers, , 316 p. (ISBN 978-84-92542-31-4)

Articles connexes

Liens externes

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  • (ca) Alexandre x. Ordaz Dengra (université de Valence), « El diàleg entre l'AVL i Lo Rat Penat i la RACV: Un camí cap al consens valencià », Taula de Lletres Valencianes, no 2,‎ , p. 169-200 (ISSN 2253-7694, lire en ligne, consulté le )
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