J-invariant

représentation du j-invariant de Klein sur le disque unité.

Le j-invariant, parfois appelé fonction j, est une fonction introduite par Felix Klein pour l'étude des courbes elliptiques, qui a depuis trouvé des applications au-delà de la seule géométrie algébrique, par exemple dans l'étude des fonctions modulaires, de la théorie des corps de classes et du monstrous moonshine.

Motivation : birapport et j-invariant

On travaille dans le plan complexe projectif (en) C P 1 {\displaystyle \mathbb {C} P^{1}} . Soient quatre points distincts a , b , c , d {\displaystyle a,b,c,d} , leur birapport est :

( a , b , c , d ) = a c a d b d b c {\displaystyle (a,b,c,d)={\frac {a-c}{a-d}}\cdot {\frac {b-d}{b-c}}}

Cette quantité est invariante par homographies du plan, mais dépend de l'ordre des quatre nombres considérés.

Par exemple, le birapport de ( m , 1 , 0 , ) {\displaystyle (m,1,0,\infty )} peut valoir, selon l'ordre considéré :

m , 1 / m , 1 m , 1 1 / m , 1 / ( 1 m ) , m / ( m 1 ) {\displaystyle m,1/m,1-m,1-1/m,1/(1-m),m/(m-1)}

Si on cherche à symétriser cette expression, on obtient une quantité qui reste un invariant des transformations projectives, mais ne dépend plus de l'ordre des nombres :

j ( m ) = 4 27 ( 1 m + m 2 ) 3 m 2 ( 1 m ) 2 {\displaystyle j(m)={\frac {4}{27}}{\frac {(1-m+m^{2})^{3}}{m^{2}(1-m)^{2}}}}

que l'on appelle le j-invariant. Cette invariance est un premier indice du lien entre le j-invariant et le groupe modulaire.

j-invariant de courbes elliptiques

Soit X une courbe elliptique non singulière sur C P 1 {\displaystyle \mathbb {C} P^{1}} , de forme de Weierstrass :

X : y 2 = x 3 + q 2 x + q 3 {\displaystyle X:y^{2}=x^{3}+q_{2}x+q_{3}}

ayant pour discriminant Δ = 4 q 2 3 27 q 3 2 0 {\displaystyle \Delta =-4q_{2}^{3}-27q_{3}^{2}\neq 0} .

Le j-invariant associé est

j = 1728 4 q 2 3 Δ {\displaystyle j=1728{\frac {-4q_{2}^{3}}{\Delta }}}

Le j-invariant est une application surjective, qui donne une bijection entre les classes d'isomorphismes des courbes elliptiques sur le plan complexe et les nombres complexes.

La notion de j-invariant se généralise aux courbes trigonales.

Références

  • (en) John Horton Conway et Simon Norton, « Monstrous moonshine », Bulletin of the London Mathematical Society, vol. 11, no 3,‎ , p. 308–339 (DOI 10.1112/blms/11.3.308, MR 0554399)
  • (it) Felix Klein, « Sull' equazioni dell' Icosaedro nella risoluzione delle equazioni del quinto grado [per funzioni ellittiche]. », Reale Istituto Lombardo, Rendiconto, Ser, vol. 10, no 2,‎
  • (de) Felix Klein, « Über die Transformation der elliptischen Funktionen und die Auflösung der Gleichungen fünften Grades », Math. Ann., vol. 14,‎ 1878-1879, p. 111-172
  • (en) Andrew Ogg, « Modular Functions », dans The Santa Cruz Conference on Finite Groups 1979, Amer. Math. Soc., , p. 521-532
  • (en) Tito Piezas III et Eric Weisstein. j-Function, MathWorld
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