Halle aux Veaux

La halle aux Veaux au début du XIXe siècle.

La halle aux Veaux de Paris, également appelée marché aux Veaux, se trouvait, dans l'actuel 5e arrondissement de Paris.

Situation

L'emplacement de la dernière halle aux Veaux était située entre les rues de Pontoise et de Poissy dans l'ancien 12e arrondissement de Paris, quartier du Jardin du Roi[1].

Historique

Avant 1646, la halle était située rue de la Planche-Mibray, au bout de la rue Vieille-Place-aux-Veaux.

Par un arrêté du , le marché aux Veaux fut transféré quai des Ormes. Il y resta jusqu'en 1774.

En 1772, les Bernardins vendent le jardin entre leur église et la Seine[2].

Par lettres patentes d', le roi Louis XV ordonne la construction sur ce terrain d'un nouveau marché aux veaux.

Extrait du texte des lettres patentes d'août 1772

Louis, etc.
L'établissement et le maintien du bon ordre pour le service de la police et du public dans les halles et marchés de notre bonne ville de Paris, méritent d'autant plus d'attention de notre part que c'est un des moyens d'y procurer l'abondance et l'égalité dans le prix des denrées. C'est dans cette vue que nous avons réglé la situation de ces marchés et l'ordre qui y serait observé ; mais le marché aux Veaux est un de ceux auxquels il n'a pas encore été pourvu, et nous avons reconnu qu'il est d'autant plus essentiel de lui procurer un autre emplacement que celui où il se tient actuellement est trop étroit, que le passage très intéressant pour le service des ports est intercepté par la quantité de voitures qui y apportent les veaux, ce qui occasionne des accidents fréquents que ce marché exigeant un emplacement à proximité de la rivière et du centre de Paris, il n'y en a pas de vacant qui puisse y convenir davantage que le clos des Bernardins, et étant informé que ce terrain vient d'être vendu aux sieurs Regnaudet de Ronzières, Damien, architecte, Lenoir le Romain, architecte, et Benoit de Sainte-Paule, par acte passé devant Paulmier et son confrère, notaires à Paris, le dernier, en conséquence de la délibération prise par les officiers et religieux composant le collège de Saint-Bernard, dûment assemblés le 11 du dit mois de mai, sous le bon plaisir du sieur abbé général de l'ordre de Citeaux, aux offres faites par les dits sieurs de Ronzières, Damien, Lenoir et de Sainte-Paule, d'en employer partie à construire des bâtiments, ce qui nous donnerait une augmentation de revenu et ferait rentrer dans le commerce un bien possédé par des gens de main-morte, et d'établir sur le surplus de ce terrain le marché aux Veaux, de former des issues pour y parvenir, d'y construire une halle couverte, où les veaux seraient à l'abri des injures du temps et où ils pourraient être mis en liberté dans les compartiments amovibles ; enfin d'y construire des étables pour y retirer ceux des bestiaux qui resteraient d'un marché à l'autre ; mais comme les dépenses que les dit acquéreurs seraient obligés de faire pour cet établissement leur deviendraient à charge et seraient en pure perte pour eux, si le marché était déplacé par la suite, nous avons jugé convenable d'autoriser la vente qui leur a été faite du dit enclos, d'y fixer irrévocablement le marché aux Veaux, de les autoriser à y faire les constructions qui seront nécessaires, et de leur procurer un produit proportionné à la dépense en les chargeant de tout le service qui a rapport à ce marché. Considérant d'ailleurs que ce service sera beaucoup mieux fait, et qu'il sera beaucoup plus aisé d'y veiller que lorsqu'il se faisait par une multitude de gagne-deniers[3], qui journellement exigeaient des marchands forains des droits arbitraires, ce qui n'aura plus lieu, les droits de place étant réunis en un seul droit. À ces causes et autres à ce nous mouvans, de l'avis de notre conseil qui a vu l'acte de vente et le plan du dit clos, ensemble celui de la halle qui doit y être construite, le tout y attaché sous le contr'scel de notre chancellerie, etc.
Nous avons agréé, approuvé et autorisé la vente qui a été faite de l'enclos des Bernardins aux sieurs Regnaudet de Ronzières, Damien, Lenoir et Benoit de Sainte-Paule, par acte passé devant Paulmier et son confrère, notaires à Paris, le dernier. Ordonnons qu'à l'avenir le marché aux Veaux sera tenu dans le dit enclos des Bernardins, sur lequel il sera percé des issues et disposé des rues suivant l'alignement qui sera donné à cet effet, etc.
Ordonnons en outre qu'il sera construit sur le dit terrain une halle couverte et des étables dans le lieu jugé suffisamment grand et convenable à cet effet par le dit lieutenant de police ; que le service qui a rapport à ce marché sera fait par les dit sieurs de Ronzières, Damien, Lenoir et de Sainte-Paule, ou gens par eux préposés exclusivement à tous autres, moyennant le prix qui sera fixé par le dit sieur lieutenant de police pour leur servir de dédommagement, loyer et salaire pour l'emplacement et construction du dit marché, etc.
Données à Compiègne au mois d'août, l'an de grâce 1772 et de notre règne le 57e. Signé Louis.

 

Ces lettres patentes sont complétées par un arrêt du procureur général du roi en date du  :
« Registrées ce consentant le procureur général du roi, pour jouir par les impétrants de leur effet et contenu, et être exécutées selon leur forme et teneur, etc.
Autorise les impétrants à percevoir un droit de douze sols pour chacun des veaux qui sera amené au dit marché, et ce pour tous les objets détaillés dans l'avis du lieutenant-général de police, et cinq sols pour le logement et nourriture de chacun des veaux qui restera d'un jour de marché à l'autre ; le tout sans préjudice du droit de juridiction appartenant aux prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, en ce qui peut être de leur connaissance et compétence sur la rivière et ports de cette ville, suivant l'arrêt de ce jour.
A Paris, en parlement,le 30 juin 1773.
Signé Vandive. »

Par acte passé devant maitre Mony et son collègue, notaires à Paris, le , les sieurs Lenoir, de Sainte-Paule, etc., cédèrent leur privilège au sieur de Cintry. Les travaux de construction de la halle furent entrepris immédiatement sous la direction de l'architecte Nicolas Lenoir dit le Romain. Cet artiste les termina promptement et la halle fut ouverte le [4],[5].

En 1784, un sieur Happey était possesseur du privilège de la halle.

Louis XVI voulant retirer ce privilège des mains d'un particulier ordonna par lettres patentes du de la même année, qu'il serait réuni à son domaine et exploité à son profit. Le sieur Happey fut toutefois indemnisé de la perte de son privilège.

En vertu d'un décret impérial du , la ville perçut les droits de place dans la halle aux Veaux qui servit aussi à la vente des vieilles ferrailles.

Situés entre les rues de Pontoise et de Poissy dans l'ancien 12e arrondissement de Paris, les bâtiments occupaient une superficie de 2 300 m2[6].

Un marché aux suifs fut ajouté en 1786 puis, en 1824-1826, une halle aux vaches grasses fut édifiée sur les plans de l'architecte Huvé.

La halle fut déclassée en 1855 lors de l'ouverture des abattoirs de La Villette puis détruite en 1868 par le percement du boulevard Saint-Germain durant les travaux de transformation de Paris. Sur le terrain loti, les immeubles des nos 1 à 9 de la rue Cochin furent édifiés[2].

Architecture

Le bâtiment fut construit en 1774 par l'entrepreneur Poulon sur les plans de l'architecte Nicolas Lenoir.

La halle était couverte. Son rez-de-chaussée était élevé de 3 pieds. Il y avait en dessous de très grandes caves, dont les coins extérieurs étaient fermés par des grilles de fer. Le pourtour était en plein air et il était soutenu par piliers de pierre de taille, portant une charpente en arc baissé. Quatre pavillons, placés aux quatre coins de cette halle, servaient de logement aux préposés à la garde de cette halle et les parties hautes étaient utilisées comme greniers à fourrage[7],[8],[9],[10],[11].

  • Halle aux Veaux peu avant sa destruction.
    Halle aux Veaux peu avant sa destruction.
  • Le marché aux Veaux (photo Charles Marville[12]).
    Le marché aux Veaux (photo Charles Marville[12]).


Notes et références

  1. Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.
  2. a et b Alexandre Gady, La Montagne Sainte-Geneviève et le Quartier latin, Hoëbeke, 1998, 330 p. (ISBN 9782842300678), p. 85.
  3. Définition de « Gagne-denier(s) », www.cnrtl.fr.
  4. M.-J- De Gaulle, Nouvelle histoire de Paris et de ses environs, 1839, p. 396.
  5. Illustration de la halle aux Veaux (les Bernardins), gallica.bnf.fr.
  6. Recueil administratif du département de la Seine, volumes 3-4, p. 104.
  7. Halle aux Veaux (avril 1868), Alphonse Louis Pierre Trimolet, vue 1, parismuseescollections.paris.fr.
  8. Halle aux Veaux (avril 1868), Alphonse Louis Pierre Trimolet, vue 2, parismuseescollections.paris.fr.
  9. Pierre Villiers, Manuel du voyageur à Paris, ou Paris ancien et moderne, p. 254.
  10. Marché aux veaux, 1868
  11. Place du Marché aux Veaux, 1868
  12. « Marché aux Veaux et rue de Pontoise, 5ème arrondissement, Paris | Paris Musées », sur www.parismuseescollections.paris.fr (consulté le )

Articles connexes

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